Abaisser l'âge obligatoire de scolarisation à 3 ans : bonne ou mauvaise idée ?
Les Assises de l'école maternelle s'ouvrent ce mardi 27 mars à Paris. Mesure phare annoncée par le président Emmanuel Macron : abaisser l'âge de la scolarisation à 3 ans dès la rentrée 2019.
Alors que les Assises de l'école maternelle s'ouvrent ce mardi 27 mars à Paris, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé que l'âge obligatoire de scolarisation devrait être abaissé à 3 ans (contre 6 ans aujourd'hui). Cette mesure, qui devrait prendre effet dès septembre 2019, vise à "faire de l'école le lieu de l'égalité réelle et une reconnaissance de l'école maternelle, qui ne doit plus être considérée comme un mode de garde universel ou comme la simple préparation à l'école élémentaire", a précisé l'Elysée. Alors, bonne ou mauvaise idée?
Pour de nombreux acteurs du secteur scolaire, cette réforme demeure purement symbolique. En effet, 97% des enfants de France vont déjà à l'école maternelle, indique le département statistique du ministère de l'Education (Depp). Si les statistiques parlent d'elles-même, notons tout de même que ce chiffre signifie que près de 20 000 enfants français ne vont pas à l'école maternelle.
Réduire les inégalités territoriales
D'autant qu'à y regarder de plus près, cette statistique traduit des disparités territoriales importantes : à Paris, 93% des enfants sont scolarisés en maternelle, mais ce chiffre tombe à 70% en région outre-mer, notamment en Guyane et à Mayotte. "Une école maternelle rénovée peut être bénéfique à tous, notamment pour compenser les inégalités pour les enfants les plus défavorisés", estime le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer.
"Le langage est un enjeu fondamental"
L'annonce, qui s'inscrit dans le cadre d'une vaste réforme de l'école, met également en avant le caractère décisif de l'apprentissage qui intervient dès l'âge de 3 ans chez un enfant. "Cette annonce a une portée symbolique forte, mais aussi des conséquences pratiques fondamentales : elle reconnaît l'importance décisive des premières années de vie pour les apprentissages", a expliqué Jean-Michel Blanquer dans un entretien accordé au journal Le Monde.
Le ministre met particulièrement l'accent sur le langage et l'enrichissement du vocabulaire des enfants. "L'école maternelle ne doit pas avoir peur de se fixer comme objectif l'enrichissement du vocabulaire, la maîtrise du plus de mots possibles à un moment de la vie où cela est à la fois facile et structurant."
Un point de vue confirmé par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et organisateur des Asisses, également interrogé par Le Monde : "Le langage est un enjeu fondamental : comprendre les mots, leur sens, rend capable de représentations abstraites tout en développant la capacité d'être en relation. Cela ne peut que participer à construire la confiance en soi de l'enfant et le motiver à apprendre, découvrir."
L'école maternelle pour "penser le monde"
De leur côté, les principaux syndicats et associations (SNUipp, SE UNSA, GFEN, FCPE, AGEEM, ICEM Freinet) de la communauté éducative ont publié une lettre ouverte au ministre de l'Education nationale relayée par Médiapart dans laquelle ils insistent sur la nécessité de s'appuyer sur le langage, même s'ils regrettent de pas avoir été davantage invités à participer à cette réflexion sur l'école. "Le langage, dont la place essentielle a été réaffirmée dans le programme de 2015, est à la fois le produit et la source de ces apprentissages. C'est bien à l'école maternelle que les élèves sont amenés à construire un nouveau rapport au langage, pour communiquer mais aussi parler et penser le monde", estiment-ils.