La tokophobie : quand la peur d’accoucher devient une véritable maladie
Crainte de la souffrance, anxiété à l’idée de donner la vie, dépression… Pour certaines femmes, l’idée d’accoucher se transforme en peur excessive. Cette angoisse à outrance de l’accouchement a un nom : la tokophobie. Méconnue, cette pathologie touche pourtant de plus en plus de femmes. Explications.
La tokophobie, c’est quoi ?
Il s’agit d’une maladie peu connue dont le symptôme principal est une peur panique de l’accouchement, souvent liée à la crainte de la douleur ou de la mort. Malgré leur désir de maternité, les femmes touchées redoutent tellement de mettre au monde un enfant qu’elles vont soit multiplier les moyens de contraception pour éviter d’être enceinte soit éviter à tout prix l’accouchement naturel.
Les médecins ont ainsi commencé à parler de tokophobie (du grec "tokos", qui signifie accouchement) au cours du 19e siècle, notamment le docteur Marcé dans son ouvrage Traité de la folie des femmes enceintes, des nouvelles accouchées et des nourrices. Plus récemment, une étude menée par deux psychiatres britanniques, Kristina Hofberg et Ian Brockington, ont permis d’en savoir plus sur ces femmes.
Les différentes formes de tokophobie
Les psychiatres distinguent ainsi trois formes de tokophobie, en fonction des circonstances de déclenchement de la phobie :
• La tokophobie primaire : elle précède le premier accouchement et remonte à l’adolescence. Les relations sexuelles sont normales mais la contraception est excessive, avec l'emploi simultané de plusieurs méthodes contraceptives. Dans certains cas, le désir d'enfant peut finalement surmonter la peur et donner lieu à des grossesses désirées mais ces femmes vont la plupart du temps accoucher par césarienne, si possible programmée.
• La tokophobie secondaire : elle survient après un accouchement difficile, par exemple en cas d'extraction instrumentale en urgence en raison d'une souffrance du fœtus ou tout simplement d’une douleur très importante, traumatisante.
• La tokophobie, symptôme d'une dépression pré-natale : le fait de réaliser sa grossesse et tout ce qu'elle implique peut entraîner un syndrome dépressif. La tokophobie peut être l'un des symptômes de cette dépression. Les femmes se sentent absolument incapables d'accoucher.
Existe-t-il un profil type de femmes tokophobes ?
Si toutes les femmes peuvent un jour rencontrer ce genre d’angoisses, certaines caractéristiques sont plutôt fréquentes. En général, il s’agit de mères de très jeune âge ou au contraire, de plus de 40 ans. Les grossesses à risques élevées (in vitro, diabète gestationnel ou anomalies congénitales) peuvent accroitre également ces peurs, comme avoir été témoin d’un accouchement jeune sans raison. Les psychiatres ont également noté que des abus sexuels pouvaient également déclencher cette peur panique.
Conséquences et complications de la tokophobie
Cette phobie peut inciter à demander une césarienne, dans de nombreux cas. Mais cette peur si intense va parfois plus loin :
- Une interruption volontaire de grossesse
- Des vomissements intenses, beaucoup plus importants que lors d'une grossesse usuelle.
- Un syndrome de stress post-traumatique
- Une dépression post-natale est aussi possible.
- Enfin la stérilisation est fréquemment demandée après l'accouchement, afin d'éviter d'être confrontée à nouveau à cette phobie intense.
Cette peur panique est donc bien réelle et peut avoir des conséquences sévères. Cependant, comme toute phobie, elle peut se guérir. En effet, il ne faut pas hésiter à parler à son médecin pour qu'il puisse vous rassurer sur vos différentes craintes et détecter si vos peurs présentes des symptômes plus tenaces. Dans ce cas, la consultation d'un psychologue peut permettre de guérir ces angoisses, ce qui permettra de mener à bien une grossesse et de réussir à gérer l’accouchement.