Covid-19 : 15% des cas graves expliqués par des anomalies génétiques et immunologiques
Deux nouvelles études publiées dans la revue The Science vendredi 25 septembre, révèlent pourquoi certains patients développeraient des formes sévères du Covid-19. Selon les chercheurs, des anomalies génétiques et immunologiques pourraient expliquer 15% des cas graves atteints de la maladie.
Une déficience en interférons
La première étude s’intéresse aux interférons de type I, des protéines de la famille des cytokines produites notamment par les cellules du système immunitaire lors d’une infection. Les chercheurs ont constaté la présence d’anomalies génétiques qui serait la cause d’une déficience en interférons de type I dans 3 à 4% des formes sévères de Covid-19. Il s’agit de la mutation de 13 gènes connus pour contrôler la réponse immunitaire. Autrement dit, le déficit en interférons de type 1 dans le sang pourrait être une signature des formes sévères de Covid-19.
L’étude indique par ailleurs : « quel que soit leur âge, les personnes porteuses de ces mutations sont plus à risque de développer une forme potentiellement mortelle de grippe ou de Covid-19. ».
La présence élevé d’auto-anticorps
Dans la seconde étude, les chercheurs ont constaté la présence, à taux élevé, dans le sang d’anticorps dirigés contre les IFN de type I chez les patients atteints de formes graves de Covid-19. C’est ce qu’on appelle des auto-anticorps. Ces types d’anticorp seraient capables de neutraliser l’effet des interférons au lieu de s’attaquer au virus. Laurent Abel, codirecteur de l’équipe génétique humaine des maladies infectieuses à l’Institut Imagine, l’explique ainsi : « Schématiquement, cela correspond à un défaut de réaction initiale, la première ligne de défense n’existe quasiment plus chez ces patients ».
L’origine de ces auto-anticorps serait génétique. Selon l’étude, la production de ces anticorps dirigés contre le système immunitaire des patients, témoigne probablement d’autres altérations génétiques qui sont en cours d’étude. Les hommes et les personnes âgées sont les plus susceptibles d’être touchés.
Pour info, les deux études ont été menées par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Paris, de l’AP-HP, de l’Université Rockefeller et du Howard Hughes Medical Institute à New York, en collaboration avec le Centre d’Immunologie et des Maladies Infectieuses (Sorbonne Université/Inserm/CNRS). Les résultats des études pourraient permettre de dépister plus facilement les personnes susceptibles de développer une forme grave de la maladie et ainsi mieux les soigner.