Elles lancent Pussypedia, la première encyclopédie consacrée au sexe féminin
À Mexico, trois jeunes féministes ont décidé de mieux informer les femmes sur ce qu'elles ont entre les jambes en créant Pussypedia, la première "encyclopédie de la chatte". Un projet bienvenu pour les aider mieux connaître la source de leur plaisir et (peut-être) faire la paix avec leur corps.
Où se trouve le clitoris ? Les femmes sont-elles capables d'éjaculer ? L'orgasme vaginal existe-t-il ? Que vous soyez une femme ou non, il est fort probable que vous vous soyez déjà posé ces questions. La moitié de l'Humanité a beau être pourvue d'une vulve et d'un utérus, on doit l'admettre : nous avons une connaissance limitée du sexe féminin. Et pour cause : jugé "moche", "sale" (à cause des règles), il est encore aujourd'hui caché, tandis que le sexe masculin, le "phallus", en plus d'être bien représenté, est aussi devenu le symbole du pouvoir, de la virilité.
Une injustice criante à laquelle trois jeunes femmes sont bien décidées à tordre le cou. La journaliste scientifique américaine Zoe Mendelson, la graphiste mexicaine María Conejo et la doctorante en médecine à Harvard Jackie Kahn ont prévu de lancer en 2019 Pussypedia, la première encyclopédie en ligne dédiée uniquement au sexe féminin.
"La médecine ne s'intéresse que depuis peu au corps des femmes au-delà de la reproduction, explique Télérama Zoe Mendelson. On nous a tellement refusé l'accès à l'information sur notre sexe pendant des siècles, pour des raisons culturelles, religieuses ou patriarcales, qu'une grande partie de ce que l'on en sait vient des publicités qui essaient de nous vendre des produits dont non seulement nous n'avons pas besoin, mais qui sont même nocifs : le talc augmente les risques de cancer des ovaires, les poires à lavement produisent des vaginoses bactériennes... Connaître notre sexe pour ne pas nous mettre en danger est notre droit inaliénable."
L'intime est politique
Aider les femmes à prendre soin de leur santé sexuelle est l'un des objectifs des trois fondatrices de Pussypedia. Ensemble, elles prévoient d'informer au mieux les femmes sur les petits tracas qu'elles peuvent rencontrer. "Certaines femmes n'osent même pas parler de ces choses-là à leur médecin. Plus que jamais, le droit de chaque femme à connaître, comprendre et aimer son corps est crucial."
Aider les femmes mieux comprendre leur corps et donc la source de leur plaisir est le deuxième objectif de Pussypedia. Alors qu'aux États-Unis ou au Mexique, l'éducation sexuelle faite auprès des jeunes filles et des jeunes garçons est plutôt rudimentaire, l'idée d'un tel site est aussi d'aider à mieux savoir comment fonctionne leur sexe, que ce soit d'un point de vue scientifique (la contraception, la procréation, l'avortement...) ou physiologique.
Car les trois fondatrices l'affirment : l'intime est politique. Se définissant toutes les trois comme féministes, Zoe Mendelson, María Conejo et Jackie Kahn espèrent bien, en brisant le tabou qui existe autour du sexe féminin, aider les femmes à mieux se comprendre et surtout à mieux se faire comprendre. "Le soulèvement que nous vivons actuellement est extrêmement encourageant pour l'émancipation totale des femmes et de leur corps, à laquelle nous souhaitons que Pussypedia participe, affirme Zoe Mendelson. Pour mener cette bataille qui sera longue, la connaissance de notre corps nous paraît essentielle car elle participe à la question centrale du consentement."
Prévu pour l'année prochaine, le lancement de Pussypedia se fera, si tout va bien, en anglais et en espagnol et devrait, selon ses fondatrices, rassembler "des informations précises autour du sexe féminin" ainsi qu'un "modèle 3D permettant d'en visualiser l'ensemble des organes." Elles prévoient aussi d'être les plus inclusives possibles. "Il s'agit d'amener la connaissance scientifique au grand public, explique Zoe Mendelson à Télérama. Y compris aux femmes plus âgées, qui ont bénéficié d'encore moins d'éducation sexuelle que nous. Nous parlerons bien évidemment de la ménopause et des autres questions qui les touchent. Ce sera la source numéro un pour toutes les personnes qui ont une chatte. Nous nous adresserons également aux transgenres, aux queers, qui ont encore plus de mal à trouver des renseignements qui les concernent."